Des applications smartphone pour mieux choisir nos produits : véritables outils ou simples gadgets?

Apportant une information claire et simple sur la qualité des produits alimentaires, les logos et les applications peuvent nous aider à choisir les produits les plus favorables à notre santé. Faisons le point sur les plus connus.

 

1- Le Logo Nutri-Score pour la qualité nutritionnelle

Le Nutri-Score est un logo conçu par Santé Publique France qui nous renseigne sur la qualité nutritionnelle des produits alimentaires: de la lettre A verte pour la meilleure qualité nutritionnelle à la lettre E orange foncé pour la moins bonne.
Voir les articles consacrés à ce logo:
Le logo Nutri-Score, vous connaissez?
Comment est calculé le Nutri-Score?

C’est un logo compréhensible qui peut s’avérer utile au moment de faire ses courses. Il est apposé sur les emballages de certains produits – facultatif, vous ne le verrez pas sur tous. Cependant, de nombreuses marques et enseignes l’indiquent déjà sur leurs emballages. C’est un logo efficace pour aider le consommateur à classer les produits selon leur qualité nutritionnelle et surtout pour orienter son choix en comparant des produits équivalents dans le même rayon. Par exemple, pour choisir entre 2 plats cuisinés, 2 paquets de biscuits, 2 boîtes de céréales, …

Fig 1: Ici, on peut choisir entre 2 pizzas du même fabricant: celle de gauche avec Nutri-Score C, celle de droite avec B.

Cependant, le Nutri-Score ne prend en compte « que » les composantes nutritionnelles du produit. C’est déjà bien, mais il y a quelques limites:

  • Un produit peut avoir un bon score (A ou B) et être ultra-transformé* avec son lot d’additifs et d’ingrédients issus du cracking*. Or, on sait que les produits ultra-transformés représentent un risque pour notre santé. Des études scientifiques ont montré une association entre la consommation accrue d’aliments ultra-transformés et le risque de développer des maladies chroniques ou des troubles du métabolisme.
  • Certains fabricants ont bien compris la méthode de calcul du Nutri-Score et peuvent ainsi adapter leurs recettes pour obtenir une bonne note… tout en laissant additifs et autres ingrédients controversés dans leurs produits!

Fig 2: Par exemple, ces nuggets aux filets de poulet obtiennent un B au Nutri-Score, donc assez bons nutritionnellement… alors que l’on est en présence d’un produit ultra-transformé (avec 6 additifs et des ingrédients marqueurs de l’ultra-transformation comme l’amidon modifié, le dextrose, le lactosérum et de la viande reconstituée).
Que disent les applications smartphone sur ce produit?
Avec l’application Yuka, il obtient 48/100, médiocre
– Sur Open Food Facts, il est noté NOVA 4, soit ultra-transformé
Sur Scan-Up, il est indiqué: « ce produit est nutritionnellement équilibré mais il est ultra-transformé, à limiter si possible ».

Bon indicateur de la qualité nutritionnelle des produits, le Nutri-Score ne se suffit pas à lui-même. Seul sur l’emballage, il peut faire oublier des éléments à prendre en compte dans l’évaluation d’un produit. Des applications pour smartphone appliquent le Nutri-Score pour évaluer les produits mais elles utilisent en plus d’autres critères. Elles peuvent donc être utiles en complément.

2- L’application Yuka pour déchiffrer les étiquettes

L’application YUKA connait un grand succès auprès des consommateurs. Vous êtes nombreux à l’utiliser. C’est une application pour smartphone qui permet d’évaluer la qualité des produits: un simple scan et vous obtenez une évaluation assez complète tout en étant synthétique et très visuelle.

Les informations sont claires, très faciles à lire et à comprendre. Un beau travail de déchiffrage des étiquettes! Des alternatives de produit sont aussi proposées si le produit scanné a obtenu une mauvaise note. Totalement indépendante, cette application est vraiment efficace.
Pour chaque produit scanné, vous avez:

  • Sa photo, son nom et sa marque
  • Une note sur 100, avec une pastille de couleur « du vert au rouge » et une mention allant « d’excellent à mauvais »
  • Une indication si le produit est bio
  • Des informations sur la présence éventuelle d’additifs et leur risque pour la santé
  • Le détail à la fois complet et très visuel de la composition en nutriments (ceux à favoriser et ceux à réduire)
  • Le cas-échéant, la recommandation d’un produit équivalent mais mieux noté.

Fig 3: Exemple de visuel Yuka pour des céréales Bio pour le petit-déjeuner

Le calcul de la note sur 100 comprend:

  • La qualité nutritionnelle pour 60% de la note. Elle est calculée sur la base du Nutri-Score.
  • La présence d’additifs et leur risque potentiel, pour 30% de la note. Cette évaluation est basée sur les avis des agences sanitaires et sur les résultats d’études scientifiques.
  • Le caractère BIO ou non BIO de l’aliment, pour 10% de la note, basé sur le label européen (Eurofeuille).

On retrouve les mêmes limites que pour le Nutri-Score concernant le degré de transformation du produit. En revanche, l’application inclut le critère bio et la présence d’additifs dans son évaluation, un vrai plus! Même si le caractère à risque de certains additifs est parfois controversé par des études contradictoires, il est important de réduire la consommation de produits ayant trop d’additifs. Et même si Yuka ne prend pas en compte le degré de transformation du produit, cette indication sur les additifs est très intéressante.

Fig 4: Additifs contenus dans des biscuits scannés avec Yuka qui précise leur niveau de risque pour la santé.


3- Open Food Facts pour une base de données complète

On a vu que le degré de transformation du produit n’est pas toujours pris en compte dans les logos et applications. Pourtant, c’est un élément essentiel à considérer pour un aliment et son impact sur notre santé.

La classification NOVA* répartit les produits en 4 groupes selon leur niveau de transformation: de 1 à 4, soit de « peu ou pas transformé » à « ultra-transformé ». Quelques sites et applications y font référence comme Open Food Facts.

Fig 5: Exemple de visuel Open Food Facts pour des haricots verts surgelés
– Nutri-Score A, très bonne qualité nutritionnelle
– NOVA 1, produit peu ou pas transformé,
– Indication des repères nutritionnels avec code couleur

Open Food Facts est une base de données collaborative de produits alimentaires, gérée par une association à but non lucratif. Elle donne de nombreux renseignements sur les produits: ingrédients, allergènes, additifs, composition nutritionnelle, Nutri-Score, classification NOVA, labels et même l’empreinte carbone du produit. Bref, elle déchiffre toutes les informations présentes sur les étiquettes des aliments et indique pour certains les lieux de fabrication et le type de conditionnement. Elle sert d’ailleurs de référence à la plupart des autres applications. Et si le Nutri-Score n’est pas présent sur un emballage, il est calculé pour tous les produits par Open Food Facts.


Fig 6: Exemple de visuel Open Food Facts pour des carottes râpées assaisonnées en barquette
– Nutri-Score B, bonne qualité nutritionnelle
– NOVA 4, produit ultra-transformé
– Impact carbone (pastille CO2), ici en vert donc faible
– Indications des repères nutritionnels avec code couleur
– Présence de 3 additifs dont 1 à risque élevé de sur-exposition

Véritable mine d’informations collaborative, Open Food Facts répertorie des milliers de produits. Son intérêt: pas de note mais des informations claires qui se veulent plus pédagogiques qu’alarmistes afin de donner une vue d’ensemble du produit. Vous pouvez retrouver tous les produits déjà évalués sur le site internet Open Food Facts ou via son application. Vous pouvez aussi scanner directement les produits. L’application est très simple et visuelle.

4- L’application Scan-Up pour une autre classification des produits

Pour aller plus loin, il y a l’application Scan-up qui utilise une autre classification des aliments: la classification SIGA.

La classification SIGA résulte d’un travail fait à partir de la classification NOVA* et prend en compte non seulement le degré de transformation du produit (avec une échelle plus fine que NOVA) mais aussi l’évaluation des risques des ingrédients et additifs ainsi que leur qualité nutritionnelle. Cette classification va de 1 à 9 , soit de « non-transformé » à « ultra-transformé niveau 3 ».

Dans sa base de données, l’application Scan-up intègre la classification Siga, le Nutri-Score, la liste des ingrédients, les allergènes, la présence d’additifs et même le caractère bio ou pas du produit. Elle attribue également des médailles aux meilleurs produits dans leurs catégories.
Cette application propose une représentation visuelle très compréhensible. Vous pouvez retrouver tous les produits déjà évalués en tapant leur nom dans la barre de recherche de Scan-up. Vous pouvez aussi scanner directement les produits. Il est aussi possible de sauvegarder des produits dans « une liste de course » et même d’avoir une indication sur le prix moyen du produit.

Fig 7: Par exemple, pour ces biscuits fourrés à la pâte à tartiner, Scan-up fait tout d’abord une synthèse, avec un code couleur (rouge, pour ce produit) et un petit résumé: « ce produit est ultra-transformé et nutritionnellement riche, à limiter si possible ».

Puis, on a accès à l’évaluation complète du produit:
Pas de médaille dans sa catégorie
Produit ultra-transformé au plus haut niveau (selon la classification Siga)
E au Nutri-Score, donc qualité nutritionnelle médiocre
– Repères nutritionnels avec code couleur, produit gras et sucré et contenant une certaine quantité de sel

Présence des allergènes
Contient 1 additif, avec code couleur, ici vert

Fig 8: Autre exemple, pour ces compotes de pomme sans sucres ajoutés, Scan-up fait tout d’abord une synthèse avec un code couleur (vert, pour ce produit) et un petit résumé: « bon choix, ce produit est nutritionnellement équilibré avec l’une des meilleures recettes de sa catégorie ».

Puis, on a accès à l’évaluation complète:
Médaille d’or dans sa catégorie
Produit peu transformé (selon la classification Siga)
A au Nutri-Score, donc très bonne qualité nutritionnelle
– Repères nutritionnels avec code couleur, produit un peu sucré

Pas d’allergènes
Contient 1 additif, avec code couleur, ici vert


Difficile de tout mettre dans un seul logo ou une seule application!

Même si ces applications sont assez complètes et donnent de nombreuses informations sur les produits, elles restent encore perfectibles.

  • Ces logos et applications ne concernent pas les produits bruts (fruits et légumes, viandes, poissons, …). De même, vous ne trouverez pas les fromages, charcuteries ou pâtisseries fabriqués par les petits producteurs locaux ou par les artisans du coin. Pour scanner les produits, il faut un emballage et un code barre.
  • Certains produits, du fait de leur fabrication, sont riches en gras, en sel ou en sucre (fromages, charcuteries, gâteaux). Ils auront donc toujours un mauvais score ou une mauvaise appréciation dans les applications. Faut-il pour autant ne plus consommer ces produits? Non, évidemment! Sauf contre-indication médicale, il convient de manger de tout raisonnablement et de se faire plaisir de temps en temps! De même qu’en mangeant uniquement des produits bien notés et surtout faisant partie d’une même catégorie d’aliments, on risque d’avoir une alimentation déséquilibrée et des carences en certains nutriments. Il faut varier son alimentation!
  • Ces logos et applications donnent peu ou pas d’indications sur le respect de l’environnement et du bien-être animal, sur les résidus de pesticides, bref sur le mode de culture, d’élevage ou de fabrication. On a tout de même le logo Bio mentionné par la plupart des applications et Open Food Facts indique l’impact carbone pour certains produits.
  • Il n’y a pas non plus d’indication nutritionnelle en fonction du groupe de consommateurs: enfants, ados, …
  • Pour finir, l’évaluation se fait pour 100g ou 100ml de produit. Or, selon les produits, on consomme une portion qui ne correspond pas (en plus ou en moins) à cette quantité de base. D’où, l’importance de garder un peu de recul et d’analyse face à ces évaluations.

Alors, faut-il jongler avec toutes ces applications avant d’acheter un produit?

Elles ont chacune leurs particularités et peuvent être complémentaires. Quelle que soit celle que vous choisirez, vous verrez que l’on apprend beaucoup sur les produits présents dans les rayons. Sans dire de scanner tous les produits tout le temps, ces applications constituent un bon outil à la fois utile et pratique pour orienter nos choix et nos modes de consommation vers une alimentation plus saine.
En plus, c’est assez amusant car les applications sont vraiment intuitives. On se prend au jeu et on devient vite « un consommateur averti »!
Il est vrai que cela demande un peu de temps. Scanner les produits tout en faisant ses courses peut convenir à certains. Pour d’autres, ce ne sera pas le moment le plus approprié : on est pressé, on met ses produits habituels dans le caddie, on se laisse tenter par une publicité, une promotion, … Bref, on n’est pas en mode « scanner »!
C’est pourquoi, on peut commencer par utiliser ces applications tranquillement à la maison sur les produits qui sont dans nos placards. On se fait une idée sur leur qualité, et éventuellement, on trouve de meilleures alternatives lors des prochaines courses.

Autre effet positif de ces applications, on a constaté qu’elles incitaient les fabricants à revoir leurs recettes et la formulation de leurs produits pour avoir un bon score ou une bonne évaluation. Outil marketing, sûrement, mais si au final on obtient de meilleurs produits, tant mieux!

Quoi qu’il en soit, il ne faut pas devenir esclave de ces applications. Il faut garder un peu de bon sens. Ces logos et applications ne sont ni des interdictions ni des obligations de consommer tel ou tel produit. Ce sont des outils pour nous aider à déchiffrer les étiquettes, pour nous montrer qu’à produit équivalent, on peut choisir celui qui présente une meilleure qualité et pour nous inciter à consommer avec modération (en quantité et fréquence) des produits moins favorables.

Un aliment pris seul n’est qu’un élément du régime alimentaire de chaque individu. Diversifier son alimentation, se tourner vers des produits plus bruts, cuisiner soi-même dans la mesure du possible, suivre les saisons, manger local, … et se faire plaisir de temps en temps: c’est un comportement global qui va conditionner l’impact de notre alimentation sur notre santé.


*Pour en savoir plus sur les aliments ultra-transformés et la classification NOVA, lire: Les aliments ultra-transformés, à consommer avec « beaucoup » de modération!

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